Historique du monument aux morts :
Le deuil de la Grande Guerre a déterminé les communes à rendre hommage à leurs morts pour la Patrie. Dans les années 1920-1925, ce sont quelque 36 000 monuments aux morts qui furent érigés malgré les difficultés de la reconstruction. L’État est intervenu pour accorder des subventions et réglementer les édifications, les souscriptions populaires couvrant parfois la totalité des dépenses. Les pertes massives (1.397.800 pertes militaires, 300.000 pertes civiles et 4.266.000 blessés militaires) amènent, le plus souvent, non à glorifier la victoire, mais à honorer ceux qui ont perdu la vie. Cet aspect est important, car la très grande majorité des monuments élevés à cette occasion le sont à l’initiative, ou au moins avec la participation financière des anciens combattants, qui formaient 90 % des hommes de 20 à 50 ans en France. Leur motivation à continuer de se battre était l’espérance que cette guerre serait la dernière (« la Der des Ders »), et que leur sacrifice ne serait pas vain ; les monuments sont aussi là, dans une certaine mesure, pour rappeler ce sacrifice. Il n’est donc pas étonnant de trouver ces lieux de mémoire partout dans les départements, même éloignés des conflits, et les colonies. Leur construction commence dans l’immédiat après-guerre, mais se prolonge tout au long du XX siècle. Dans la plupart des pays, on ajoute à la liste des morts de la Grande Guerre ceux de la Deuxième Guerre mondiale.
S’appuyant sur l’esprit de la loi du 25 octobre 1919, un usage s’est imposé, depuis la Première Guerre mondiale, comme référence pour les décisions municipales en la matière : l’inscription d’un nom se justifie pleinement lorsque le défunt, décédé au cours d’une guerre ou d’opérations assimilées à des campagnes de guerre, est titulaire de la mention « Mort pour la France », et est né ou domicilié légalement en dernier lieu dans la commune considérée. Certaines municipalités ont parfois étendu cette possibilité aux victimes dont le décès est consécutif à un fait de guerre, dès lors que les deux conditions susvisées (octroi de la mention « Mort pour la France » et lien direct avec la commune) sont respectées. L’article 2 de la loi du 28 février 2012 fixant au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France précise désormais les modalités de cette inscription : « Lorsque la mention « Mort pour la France » a été portée sur son acte de décès dans les conditions prévues à l’article L. 488 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre, l’inscription du nom du défunt sur le monument aux morts de sa commune de naissance ou de dernière domiciliation ou sur une stèle placée dans l’environnement immédiat de ce monument est obligatoire. La demande d’inscription est adressée au maire de la commune choisie par la famille ou, à défaut, par les autorités militaires, les élus nationaux, les élus locaux, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre par l’intermédiaire de ses services départementaux ou les associations d’anciens combattants et patriotiques ayant intérêt à agir ». Loi n° 2012-273 du 28 février 2012.
La mise en place d’une législation nouvelle
– La loi du 27 avril 1916 créé un diplôme d’honneur des soldats morts pour la Patrie.
– La loi du 25 octobre 1919 sur « la commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre » établit le principe d’une subvention aux communes qui envisagent d’honorer le souvenir de leurs disparus.
– La loi des finances du 31 juillet 1920 fixe les barèmes et ouvre les premiers crédits.
– La loi du 24 octobre 1922 fait du 11 novembre un jour de fête nationale.
Juridiquement, les monuments aux morts sont pour la plupart des biens communaux et relèvent comme tels de la compétence des municipalités. A l’origine, la fonction de ces édifices a été de rassembler la population autour du souvenir de ceux qui ne reviendront plus vivre dans la cité, faisant ainsi participer la commune au travail de deuil des familles. Par ailleurs, graver les noms des morts revenait à donner à ceux-ci un peu de cette gloire dont étaient alors parés ceux qui s’étaient sacrifiés pour la victoire des armées françaises.
La description du monument aux morts d’Aguessac : (cénotaphe)
La structure est un pilier commémoratif en forme de Piédestal avec la représentation du soldat mort, poilu tué à l’attaque. La décoration militaire est la croix de guerre et un entourage avec bornes et chaînes. L’auteur du monument est VERDIER Auguste.
Une inscription est présente sur la face droite :
Monument élevé en 1926
Par souscription publique
Emplacement donné par
Monsieur BALDEYROU Amédée
Maire de la commune
Qui était Auguste VERDIER :
Sculpteur – (1871-1948)
Auguste Verdier était né à Millau, avait fait l’École des Beaux-Arts de Toulouse, puis sur la recommandation du grand sculpteur aveyronnais Denys Puech, il avait intégré la célèbre Villa Médicis à Rome, pour parfaire sa formation. Ce cursus fut couronné par le Grand Prix de Rome. A son retour en France, il épousa une demoiselle Causse de Meyrueis, qui n’était autre que la sœur du grand père de Pierre Causse et une cousine de Paulette Giraud.
A la fin de sa vie, Auguste Verdier et son épouse se retirèrent sur la Côte d’Azur. Ils sont enterrés à Sospel (06)
Autres œuvres de Auguste Verdier :
Plusieurs des sculptures de Verdier se trouvent dans les parcs de Millau (jardin Ste Anne, près de la gare et parc de la Victoire), ainsi que dans divers musées de la région.
Mais Auguste Verdier connut la célébrité après la Grande Guerre par sa série de sculptures destinées aux Monuments aux Morts de la région.
Celle de Meyrueis est la première en 1920, puis suivirent les groupes de Roquefort/Soulzon, Nant, la Malène, Aguessac, Rivière/Tarn, Brusque, Dourbies, Villefranche de Panat. Toutes ces statues sont la déclinaison du même thème : « la France Triomphante » qui tantôt apparait au soldat mourant ou secourt le soldat blessé ou bien encore console la veuve éplorée…
Qui a financé le monument aux morts :
Les monuments aux morts, qui ont été financés et édifiés par les communes en hommage à leurs « morts pour la France », il y a près de cent ans, appartiennent au patrimoine des communes.
NOTES CHRONOLOGIQUES
(Délibérations du conseil municipal)
-1912- élection du maire RASCALOU Louis.
-1914- 31 juillet, Mobilisation générale guerre 14-18.
-1914- 23 novembre, la commune se mobilise pour mettre en place des gestes de solidarité. Fournitures à la Croix Rouge de Millau pour les soldats blessés de linge pour confectionner des pansements ainsi que de la nourriture.
-1915- 28 mars, la commune aide la Croix Rouge de Millau pour laver le linge des soldats blessés.
-1918- 17 novembre, le conseil communal prend la décision de réaliser un caveau communal ainsi que l’érection d’un monument au cimetière d’Aguessac.
-1919- 23 février, le conseil communal vote une subvention de 500 francs pour la réalisation du caveau communal du monument au cimetière d’Aguessac.
-1922- 19 février, réinhumation dans le caveau communal des soldats de la commune ramenés du front.
-1925- 17 mai, élection du maire BALDEYROU Amédée.
-1925- 12 juillet, proposition de vente du caveau communal et investir dans la construction du monument aux Morts de la grande Guerre.
« Les parents des soldats morts au Champ d’honneur et dont les restes ont été apporté à Aguessac, les ont inhumés dans les concessions de leur famille, qu’il n’y a dans le caveau communal que les cendres du soldat RENDU louis, que les parents retireront pour les inhumer dans leur caveau, que dès lors cette sépulture ne servira à rien et pourrait être vendue pour concessions privées. Il propose à l’assemblée de demander à Mr. Le Préfet l’autorisation de la vendre aux enchères publiques et que le produit de cette vente soit versé et ajouté à la souscription publique qui vient d’être faite pour l’érection dans le village un monument aux Morts pour la France. »
-1925- 6 novembre, adjudication de la concession communale fixée au 27 novembre 1925, les membres de la commission seront : ARLABOSSE Victor et LACAZE Léon.
-1925- 27 novembre, vente aux enchères publiques de la concession communale, mise à prix 1.500 Francs.
Premier feu Deuxième feu Troisième feu
FROMENT Léon 1.600 Frs SARROUY Henri 1.900 Frs FROMENT Léon 2.020 Frs
SARROUY Henri 1.700 Frs FROMENT Léon 2.000 Frs SARROUY Henri 2.030 Frs
FROMENT Léon 1.800 Frs SARROUY Henri 2.010 Frs FROMENT Léon 2.050 Frs
SARROUY Henri 2.100 Frs
FROMENT Léon 2.120 Frs
Deux autres feux ayant été allumés successivement et s’étant éteints sans enchères
Adjugé à FROMENT Léon 2.120 Francs.
Qui entretien le monument aux morts :
Les monuments aux « morts pour le France » appartiennent au patrimoine des communes. Il en résulte des obligations d’entretien, de conservation et de protection, assorties d’un régime de responsabilité pour la commune et le maire.